Rentabilité, performance, objectifs, évaluation, compétitivité, flexibilité…

les temps sont durs pour celles et ceux qui travaillent, soumis aux exigences croissantes de celles et ceux qui les emploient.

Dépression, suicide, stress post-traumatique, anxiété généralisée, épuisement… : les formes contemporaines de souffrance au travail sont le reflet de cette pression insupportable qui ne se nomme pas comme telle, passant pour pure défaillance individuelle, quand elle devrait mettre en question les nouvelles formes managériales des organisations de travail.

L’actualité est révélatrice de ce vaste déni de réalité.

Pression sur les salariés évidemment, ou leurs ayants-droits en cas de suicide, contraints à se lancer dans des procédures longues et coûteuses pour faire reconnaître, enfin, la responsabilité du travail, voire la faute inexcusable de l’employeur. ASD-Pro est là pour les accompagner dans ce processus de réparation et de reconstruction où l’obstacle principal reste le déni ou la culpabilisation des victimes par le management des entreprises.

Pression sur les médecins, à travers une succession de plaintes d’employeurs auprès du conseil de l’ordre, pour empêcher médecins du travail et psychiatres de témoigner du lien entre la souffrance et le travail. En condamnant notamment le Dr Huez, l’ordre des médecins défend clairement les intérêts des employeurs, au détriment de la santé publique. Confirmera-t-il sa dérive en condamnant le Dr Rodriguez?

 

Plus insidieusement encore, pression sur l’opinion publique, à travers la désinformation médiatique orchestrée par des organismes ayant pignon sur rue : l’appel des 44 à l’origine de la création d’un observatoire national du suicide, l’appel pour la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle (voir notre article), en plaçant la focale sur certaines pathologies bien spécifiques présentées comme des fatalités, détourne l’attention des rapports de domination pathogènes au travail, vers le parcours psychopathologique du seul individu.

A l’opposé d’un tel déni, d’un tel clivage, la clinique du travail nous montre que le lien entre souffrance et travail est noué : une étude réalisée à Caen (2012-12-Suicide-travail Caen) révèle d’ailleurs que la situation de travail est l’élément principal à l’origine de 40% des gestes suicidaires !

Il faut le rappeler sans relâche : si chaque sujet est unique, ses difficultés personnelles ne prennent sens que dans un contexte socio-économique où son activité professionnelle est centrale.