Autopsie psychologique: alerte de l’association

Suite aux nombreux suicides survenus au Technocentre Renault de Guyancourt, les élus du CHSCT, faisaient appel au cabinet TECHNOLOGIA afin de faire une expertise sur les risques psychosociaux. Ce rapport, rendu public début 2008 après de multiples tentatives d’oppositions de la part de Renault, est accablant concernant les conditions de travail du Technocentre (surcharge de travail, management par le stress, dépassements d’horaires etc…). Toutefois, le cabinet Technologia, a fait réaliser, dans le cadre de cette expertise, des « autopsies psychiques » sur les trois dernières victimes de suicides, par un médecin psychiatre clinicien.

Comme le dit le cabinet Technologia sur son site internet : « Pour aider à repérer les facteurs de risques dans la vie du salarié qui a mis fin à ses jours, une autopsie psychologique peut être souhaitable, sans se substituer à l’approche globale et socio-organisationnelle. Cette nouvelle discipline s’appuie sur des entretiens orientés visant à nourrir un travail d’observation clinique, avec les proches et les collègues de différents niveaux en contact avec le salarié, à des périodes différentes. Décidée avec l’accord de tous les acteurs, l’autopsie psychologique, dont les comptes-rendus restent oraux, peut apporter entre 10 et 20% d’informations à l’étude globale. Toutefois, celles-ci ne doivent pas servir d’élément à charge ou à décharge, d’autant que, dans un suicide, les facteurs personnels et professionnels sont toujours intriqués. Cette démarche d’analyse approfondie s’inscrit dans le cadre de « l’intervention à froid ».

Ainsi, il est procédé, au sein d’une expertise sur les risques professionnels (facteur psychosociaux), à une expertise psychologique post-mortem sur les victimes elles-mêmes ; en tentant de repérer les « facteurs de risques dans la vie du salarié », qui peuvent selon les auteurs apporter 10 à 20% d’informations. Tout cela ne devant servir ni « à charge » ni à « décharge ».

On peut déjà s’interroger sur le sens d’une telle démarche concernant la prévention des risques professionnels. Mais lorsque l’on constate ce qui s’est passé à l’audience du tribunal de Nanterre au sujet de la demande de Faute Inexcusable de l’Employeur sollicitée par la veuve d’un des 3 derniers suicides, on s’aperçoit tout au contraire que ce genre de démarche ne vise qu’à détourner la responsabilité de l’employeur en faisant supporter à la victime, non pas 10 ou 20%, mais la totale responsabilité de son acte.

Pour en savoir plus sur notre point de vue, lire « Alerte de l’association Asd-pro au sujet des autopsies psychologiques et des cabinets d’expertise qui les pratiquent ! »

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